samedi 10 janvier 2015

"Je préfère mourir debout que vivre à genoux"



   Ce n'est pas vraiment facile tout ce qui se passe en ce moment. Depuis mercredi dernier. J'ai dix-sept ans, alors, forcément, les attentats, la peur c'est un peu nouveau pour moi. Le 11 septembre j'avais à peine 4 ans. Je n'arrête pas d'y repenser d'ailleurs. Je n'arrête pas d'essayer d'imaginer ce que les Etats-Unis, le monde a dû ressentir ce jour là, quand je vois le choc énorme que le lâche assassinat de représentants des forces de l'ordre et de membres de la rédaction de Charlie Hebdo a provoqué.

   J'ai l'impression de trop ressentir de choses d'un coup, de vivre quelque chose qui me dépasse, l'impression d'entrer dans une période sombre, sans retour en arrière possible, d'avancer à tâtons en espérant que les dégâts soient les moins importants possibles. Trop de questions, de polémiques se bousculent dans la société et dans les médias.

   L'islamophobie progresse horriblement dans la société. Le Front National va instrumentaliser cet attentat. Il faut faire front uni. Oui, mais pas avec n'importe qui. On ne parle pas des mosquées attaquées depuis mercredi. Mais on ne parle pas des feux de joie dans certains quartiers du Liban après l'annonce de la mort de Charb, Cabu, Wolinski, et Tignous et peu de tous ceux qui disent "bien fait pour eux". 

   Personnellement j'aimerais juste me recueillir, que cet événement me fasse mûrir, grandir, qu'il me réveille, moi et beaucoup d'autres. Pas tenter de décoder l'avenir et ce qu'on aurait du faire pour empêcher ça. J'aimerais qu'on puisse juste prendre un peu de recul avant de s'enfermer de nouveau dans les clivages qui nous minent. De faire pause. 

   Eh oui. Juste une pause. Je n'ai plus tweeté, plus posté sur Instagram ou Snapchat ni ici depuis l'attentat. J'ai eu l'impression que les mots, comme les dessins étaient précieux et qu'il ne fallait pas les gâcher pour des futilités. J'ai été dégoûtée de tweeter sur les détails insignifiants de ma vie, alors qu'il y a des choses tellement plus importantes. Comme la liberté. La défense de notre République, de notre démocratie. J'ai aussi beaucoup regretté de ne pas avoir lu Charlie Hebdo avant, de ne pas m'y être intéressée plus que ça. 
  
   Cet événement tragique a renforcé mon envie de devenir journaliste. J'ai envie d'écrire des choses qui ont du sens. Je n'ai pas pris de résolutions pour 2015, mais maintenant j'en prends une : ne jamais oublier ce qu'il s'est passé. Je ne veux pas que #JeSuisCharlie soit un effet de mode comme j'ai l'impression que ça l'est pour certains. Je veux me souvenir, et pas être engagée pendant une semaine seulement. Demain, j'irai marcher à Paris. Et aux côtés de millions de personnes, j'espère. J'aurais peur, mais je veux le faire.
  
   J'ai beaucoup parlé de moi et de mon ressenti, comment j'ai été affectée dans cet article. Ainsi je tiens à précisez, bien sûr, que je n'ai rien vécu de difficile par rapport aux familles des victimes et des otages, vers lesquelles toutes mes pensées vont. J'espère de tout mon coeur qu'elles surmonteront ces épreuves. Des innocents sont morts à cause de la folie de certains hommes, d'idéologies affreuses, dangereuses. Ne les oublions pas, admirons les et respectons les.  

8 commentaires:

  1. Comme je suis Canadienne cette terrible tragédie m'a moins touchée sur le coup, mais en lisant ton article ainsi qu'en voyant tous ces gens partout dans le monde qui supportent la cause, dans n'importe quelle langue, je suis désormais beaucoup plus sensible à cela. Très bel article, qui porte à la réflexion... Je suis Charlie

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    1. Ton commentaire me fait extrêmement plaisir ! J'espère que la mobilisation générale ne sera pas qu'un effet de mode ^^

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  2. Salut! Tu dis beaucoup de choses intéressantes dans tes articles, c'est agréable à lire. Néanmoins, je souhaiterais que tu éclaircisses quelques points que je ne trouve pas forcément pertinents. Tout d'abord, on parlait déjà des effusions de joie le lendemain du premier attentat au Charlie Hebdo sur des grandes chaînes d'informations. Ensuite, le mot République ici ramène à l'état et c'est surtout la démocratie qu'il faut défendre (ce que tu as écris juste après), sinon ça ramène au nationalisme. Et enfin tu parles "d'idéologies affreuses" mais l'extemisme en soit n'en est pas une et on peut donc penser que tu parles ici des musulmans. C'est seulement des tournures de phrases j'imagine mais c'est ce qui fais la différence entre plusieurs journalistes. C'est tout de même un bon article.

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    1. Merci :) Un retour un peu critique c'est intéressant !
      C'est dur à expliquer, mais je trouve (maintenant, et pas forcément quand j'ai écrit l'article) que les médias ont en même temps véhiculé des messages de tolérance, mais également jeté de l'huile sur le feu avec des titres un peu racoleurs du genre 'les jeunes de quartiers difficiles ne sont pas Charlie' et j'ai été un peu déçue du traitement de l'info. Pour moi, il ne faut surtout pas faire d'amalgames mais il ne faut pas nier que les attentats ont été commis au nom de la religion musulmane par exemple.

      Le mot République s'attachait plus à mon sens aux valeurs de cette dernière, et à la constitution qui symbolisent la liberté, et donc la liberté d'expression.
      Les idéologies affreuses sont l'obscurantisme et le racisme, et pour moi l'extrémisme religieux (ou non) est quelque chose de dangereux et néfaste.
      Voilà mes petites explications ;)

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  3. Je suis entièrement d'accord avec toi... Cette catastrophe m'a bcp touchée également et j'en reste encore abasourdie...

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  4. Bonsoir, lectrice de Phosphore j'ai vu ta petite annonce et je me suis jetée sur l'ordinateur pour faire un tour sur ton blog. Je t'avoue que je n'ai pour l'instant vu que deux de tes articles.
    Je trouve celui-ci pertinent même si, comme l'a dit "anonyme", certaines idées que tu exposes, ne sont pas très claires.
    En tant que "journaliste amatrice", j'aimerais te donner un conseil - libre à toi d'en faire ce que tu veux ;) ! - Pense à écrire avec du recul et de l'objectivité. C'est ce qui fait, d'après moi, un bon journaliste !
    Je vais parcourir tes autres articles et je repasserais probablement d'autres fois pour consulter les nouveaux ! Bonne continuation !

    ps : Si cela t'intéresse, ma classe et moi avons mis en place un projet, sur le thème de la LIBERTE (terme que tu emploies dans ton article). Nous tennons un blog pour montrer l'avancée du projet. Dis nous ce que tu en penses ;)
    http://osezlaliberte.blogspot.fr/

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  5. Je partage ton avis et, malgré que je sois Canadienne, les évènemnts de Charlie Hebdo, de même que ceux qui continuent envers et contre tout de se produire, me touche profondément. Je suis journaliste à mon collège (journal étudiant) et j'écris sur ces sujets pour sensibiliser...écrire avec objectivité, c'est très difficile !

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    1. Mais rien ne t'oblige à écrire avec objectivité. Etre journaliste c'est aussi faire passer ses opinions, ses analyses, ses réflexions, dénoncer !

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